Poésie/Théâtre

Poème….à partager !

Bonjour à toutes et tous,
 
Un texte de Marie Fabre que nous avions accueillie à la Librairie l’an dernier.

Rentrer un soir d’hiver enchanté rose

(pas assez de fauteuils pour allonger la fatigue)

et du lit regarder la nuit s’installer en pensant

à des vieilles expressions comme le soir se penche

à l’horizon la couleur se dissout dans une autre couleur :

il est dans la nature de l’œil de se reposer dans le ciel.

Pourquoi la pensée du monde harcèle encore le ciel

désert ? Parmi le possible il y a un rétrécissement,

comme un noircissement si les perruques dansent

flambantes à l’horizon. Un retour de pendule géant :

les jours de H étaient plus longs que les nôtres,

ainsi il suffisait d’attendre le retour si long si

rapide de son gros pendule muni de la fameuse

et terrifiante grande hache. Notre oubli, sa ruse,

et tout un tas d’astres déclinants dans le ciel trop

constellé !

Nous souffrons mal parce que nous n’avons pas encore mal,

pensais-je en regardant la ville basculer, ses fenêtres jaunir,

les reflets s’enlacer. Mais nous penserons plus mal

encore, nous aurons fini. je regardais la lune, croissant plus

blanc que blanc sur un ciel de mille et une nuits alangui

si réel qu’il semblait hors de ce réel, coquetterie

incompréhensible posée, déconnectée comme un songe

au milieu de la poitrine. La nuit avait envahi la pièce et

seuls brillaient la lune, mon écran la ville et leurs quelques

fenêtres. Ces jours les yeux frisaient la contracture, ces

jours les yeux crissaient comme des dents sur la toile.

Marie Fabre, Love Zibaldone, Ed. L’arachnoïde

Bien à vous.

Géraldine

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