Je ne résiste pas à l’envie de vous proposer un nouveau poème de Samira Négrouche
Triptyque pour jeu de lignes ou de chambre
I.
Enfoncée la petite touche
cuivre tilleul ivoire
frôlée de son
étrangle et lâche
souffle retiens
oublie la métrique
ne force pas la gamme
qu’importe si tu ne sais
où tu vas
si tu choisis
d’où tu viens
écoute
l’instrument est
l’organe est
résiste pas au pouls
résiste
à ce qui t’entraine
trop cheap
lâche.
II.
J’use
mes yeux passent en surface
en apparence
je n’aime pas les abords
lisses des junkies à la mode
la rage millimétrique
les sens en anarchie
ça use
surtout quand ça frise bas
ça touche
mou.
Qu’importe si écorce
tu me traduis
ou flûte en traverse
notes dodelinant verticales
je file
la fumée fait un tour
du côté de chez Paolo
under c’est déjà hier
glisse un peu
file là où les lignes du très profond
loin derrière toi
courent
se posent bien à plat
ruines ou béton
je n’achève jamais rien
je passe
cris si l’envie pointe.
Et si ça pointe
je glisse mes yeux
en surface en apparence
quand c’est fini
profond
je touche.
III.
A plat si tu veux
ou légèrement concave
pour que les chemins coulent
bien fins
à leur aise
le destin s’irrigue
par tous ses bouts
il crée geysers
et Niagara falls
ou petite fontaine florentine.
Le regard froisse berce et traverse
étrangle occulte ausculte et silence
terrifie trifouille chavire tire
le regard
ta voix
ou les plis dansants dans l’ombre
montagneuse
ta chanson m’éclabousse.
Les rues sont bordées de peintures
écaillées
qui d’autre que moi reconnaît
les points de marques
le passage
l’insolence du geste furtif
la virgule en coin
qui a inondé
le rythme ?
Je ne discute pas les ombres
j’use
doucement
la via apia de tes veines
tu ne ressembles pas
à Dieu
c’est vers toi que je me prosterne
je touche.
Samira Négrouche, six arbres de fortune autour de ma baignoire, Ed. Mazette