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Sans arrêt, sans arrêt, j’ai besoin de pleurer, j’ai besoin de m’asseoir,
j’ai besoin de ta main, sans arrêt, sans arrêt, j’ai besoin de ta voix,
j’ai besoin de savoir, j’ai besoin de ce soir, sans arrêt, sans arrêt,
j’ai besoin d’un café, j’ai besoin de biscuits, j’ai besoin d’une nuit,
j’ai besoin d’un matin, j’ai besoin d’avoir faim, sans arrêt, sans arrêt,
j’ai besoin du début, j’ai besoin d’avoir bu, j’ai besoin d’un stylo,j’ai
besoin d’un crayon, j’ai besoin d’une auto, j’ai besoin que tu pleures,
j’ai besoin que tu dises, sans arrêt, sans arrêt, j’ai besoin d’un baiser,
j’ai besoin de toucher, j’ai besoin de dormir, j’ai besoin de manger,
j’ai besoin de parler, j’ai besoin d’écouter, sans arrêt, sans arrêt,
j’ai besoin de mieux voir, j’ai besoin de t’entendre, j’ai besoin d’une
histoire, j’ai besoin de légumes, j’ai besoin d’épinards, j’ai besoin
d’une chaise, j’ai besoin de maigrir, j’ai besoin d’un voyage, j’ai besoin
de partir, sans arrêt, sans arrêt, j’ai besoin de bagages,
j’ai besoin de bagarre, j’ai besoin d’un combat, mais j’ai envie de toi.
(.)
Nous n’avons qu’une nuit pour repeupler le monde, alors finissons-en
avec nos habitudes, nos chansons de bistrot, nos airs de comédie,
nos fatigues trop lourdes. L’incendie n’attend pas qui ravage les tendres,
les forêts sont en feu et les semaines coulent, sans arrêt, sans arrêt, nos
traits de maquillage sur nos paupières closes font de nous des paillasses,
des attablés voraces, des accablés assis, des affublés d’icônes au cœur
ratiboisé. Nos amours impossibles nous paraissent paisibles.
Tout amour impaisible est avant tout possible.
Timotéo Sergoï, Les cages thoraciques, Ed. Le Cormier
Bien à vous.
Géraldine